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Expéditions des Vikings partie 5 : à l’Est, la Russie, Byzance et raids divers au Sud-est, publié le 01 07 2013



Expéditions des Vikings partie 5 : à l’Est, la Russie, Byzance et raids divers au Sud-est

Ils se sont appelés Vikings, Normands ou Varègues suivant les lieux où ils se sont implantés : Vikings (plutôt des Norvégiens) vers l’ouest et le sud, Normands (plutôt des Danois) vers le sud et Varègues (plutôt des Suédois) vers l’est (voir carte ci-dessus). Nous traitons dans les  articles 1, 2, 3 et 4 de leurs aventures en Islande, Groenland,  Amérique du Nord, Angleterre, Ecosse, Irlande, France, Normandie et Italie. Nous parlerons ici de celles en Russie, Byzance et autres raids au Sud - Est.

1 – Origines de l’histoire russe avec les Vikings / Varègues - Les modalités de la progression des Scandinaves dans la future Russie présentent de grandes différences avec leurs actions à l’Ouest. Par les routes du Nord/Est, ils ne rencontrent pas d’États organisés, ni de grandes villes ou de riches monastères. L’or, l’argent, la soie sont loin, à Byzance, à Bagdad, en Asie mais ils en connaissent le chemin et commencent par construire dans le nord de la Russie des comptoirs commerciaux où ils recherchent et échangent l’ambre, les fourrures, les armes et, butin de grande valeur, les esclaves.

Dans cette progression ils entrent en contact avec les populations établies sur les rives de la Baltique, dans les régions des lacs du nord de la Russie et au départ des voies commerciales des grands fleuves. Très tôt sans doute, ces « Normands » se mélangent à un milieu slave, balte, finnois.

À l’Est, ces « Normands » semblent surtout présents dans les places économiques importantes, aux points de rupture de charge sur la route des fleuves et auprès des princes, dans un réseau de villes et de places fortes qui se construit au rythme de l’expansion de la première dynastie Rous.

2 – Novgorod et Kiev
Selon le Récit des temps passés du moine Nestor, les Slaves et autres peuples de la région de Novgorod font appel en 862 à un étranger, un Varègue nommé Riourik et à ses frères pour qu’ils viennent s’installer pour les gouverner, et ils contrôlent bientôt la région entre le lac Ladoga et la haute Volga. C’est le fameux « Appel aux Varègues »

L’État des Riourikides se présente comme une fédération instable d’entités dirigées par les membres d’une même famille. Il est identifié à la Russie kiévienne, mais il est en fait organisé autour de deux pôles dominants : Kiev et Novgorod. Pendant tout le moyen âge, la grande ville du Nord conserve des liens avec la Baltique et une forme de gouvernement d’assemblée qui prétend toujours choisir le prince qu’elle appelle à régner.

3 – Les implantations scandinaves en Russie du Nord  L’archéologie confirme la réalité des liens entre la Russie du Nord et les pays scandinaves. La côte ouest de la Suède est située à moins de 250 km du golfe de Finlande qui peut aussi être atteint par cabotage le long de la côte sud de la Baltique. Des Scandinaves ont sans doute débarqué au fond du golfe de Finlande dès la fin du VIIIe s. puis de là, par la Néva, dans la région du lac Ladoga.

Les premiers sites
Staraïa Ladoga, sur le Volkhov, dans la région sud du lac Ladoga, est un centre artisanal et commercial qui remonte aux environs de 750, au croisement des voies commerciales reliant l’Europe à Byzance et à l’Orient arabe. Le site a fait l’objet d’importantes fouilles archéologiques qui ont révélé son rôle de relais commercial entre l’Orient et la Baltique, doté à l’origine d’une population scandinave qui acquiert rapidement un caractère pluriethnique à mesure qu’elle absorbe des Finnois et des Slaves.

A 200 km au sud, sur le Volkhov, on arrive à Novgorod, littéralement la « Ville Nouvelle » attestée dans les sources scandinaves sous le nom de « Holmgarðr ». Sa fondation remonte au Xe s. avec des traces avérées d’implantation scandinave vers 950. Mais dès le IXe s. un site voisin plus ancien Riourikovo Gorodichtche a précédé Novgorod. Des marchands et des artisans tenaient là une position fortifiée au sommet d’une colline contrôlant un arrière-pays placé sur une route de commerce à longue distance.

Encore plus au sud, la position de Gnëzdovo sur le Dniepr est à mi-chemin entre Novgorod et Kiev et permet de rejoindre la Volga à l’Est ; ce sont les points de départ des grandes routes vers la mer Caspienne, par la Volga, et la mer Noire, par le Dniepr. Cette place est, dès l’origine, peuplée de Scandinaves et de Slaves. On a identifié 4500 sépultures de type « kourgane » (tumulus avec tombes à incinération). Certaines sont incontestablement des tombes de chefs vikings incinérés dans des bateaux.

4 – Chronologie générale

  839 : Premiers contacts entre les suédois (Varègues ou Rus) et les Byzantins sur la mer d’Azov.
862 - Les Vikings atteignent Alexandrie.

863-880 : Création de la principauté de Novgorod : Riourik devient le chef des Varègues, lesquels s’installent le long des fleuves russes.

882 - Oleg (qui porte encore ce nom scandinave) fils du légendaire Riourik, a pris Kiev et en a fait sa capitale et il réunit les 2 principautés de Kiev et de Novgorod

907-  Oleg attaque Byzance, obtenant un traité d’échanges commerciaux et un important tribut.

911- Rous et Byzantins signent un traité ouvrant les débouchés de la mer Noire et de la Méditerranée aux Rous.

Au milieu du IXe siècle, Riourik est appelé « chef des chefs » : il devait avoir autorité sur une fédération de chefs implantés en Russie du nord. La plupart des peuples finnois et baltes paient un tribut aux Rus.

944 : Raids Varègues contre la ville de Berda’a en Azerbaïdjan. D'autres Varègues empruntent une route plus longue : ils suivent la Volga, naviguent sur la Mer Caspienne, passent par l’Iran et Bagdad pour rejoindre Byzance. Après différents raids, ils trouvent un accord avec les Arabes : échange d’esclaves du Nord contre dirhams (monnaie). Leur commerce fut prospère et fit la richesse des peuples marchands d’Europe du Nord. (Pour preuve de ce commerce, on a retrouvé dans des tombes vikings des dirhams arabes et dans une tombe près de Stockholm, un petit bouddha indien).

945-965 : Nouveau traité entre Igor et Byzance. La Russie kiévienne s’ouvre au christianisme. Règne d’Olga, épouse d’Igor.

945-972 : Sviatoslav Ier règne seul sur la Russie.

963 - Il soumet les bulgares de la Volga et le grand Khan

988 - La garde Varègue à Byzance : ceci advint  quand le prince de Kiev, Vladimir Ier, se convertit à l’orthodoxie. En échange de la main de la sœur de Basile II, Anne, Vladimir donna six mille Varègues comme garde personnelle. Elle fut l'un des éléments les plus efficaces et plus loyaux de l’armée byzantine.

972 – 980 - Règne de Iaropolk Ier sur la Russie kiévienne.

980 - 1015 - A Kiev, règne de Vladimir Ier, mort en 1015.

1015 – 1019 - Règne de Sviatopolk Ier

1019 - 1054: Règne d’Iaroslav Ier qui devient souverain des deux principautés (1036).

Anne de Kiev, est la fille d’Iaroslav et de sa seconde épouse, Ingigerd de Suède. Elle serait née à Kiev vers 1032. Elle fut épouse d’Henri 1er et reine de France de 1051 à 1060 puis régente de son fils Philippe 1er de 1060 à 1063 (voir photo ci-dessus).

1030-1041-. Dans les années 1040, une expédition Varègue dirigée par Ingvar atteint même l’Afghanistan. . Il meurt en 1041.

1041 - Fin de l’ère viking / Varègue par la voie de l’Est.

 

5 - Conclusion

En résumé leur réussite en Russie est celle d’un système politico-militaro-économique complexe, plus élaboré que la piraterie ou le commerce (comme ce fût le cas souvent à l’ouest). De plus ils se sont très vite intégrés aux slaves.

La Russie leur doit :

-       son unification identitaire, depuis la création de Novgorod et Kiev puis ses princes et tsars jusqu’en 1598 (Fin de la dynastie des Riourikides sur le trône de Russie)

-        son système patronymique : il reproduit l'ancienne tradition norroise qui consiste à ajouter la terminaison -son « fils » au nom du père pour nommer le fils) et

-       une partie de sa structure linguistique mais très peu de mots russes viennent du vieux norrois, la langue des Varègues (ex : Igor et Oleg, etc.)

 

 

NB - 1054 – Schisme entre l’église catholique et l’église orthodoxe

 

Sources : Annales carolingiennes de Saint Bertin (741 à 882) ; Ibn Khordadbeh (IXe siècle) ; Source byzantine majeure : Livre de l’administration de l’Empire (948-952), de Constantin Porphyrogénète pour son fils ; Sources arabes au Xe siècle ; Source russe : Chronique de Nestor (XIIe siècle)

 

 

 

Article mis sur mon blog le 1 juillet 2013.

 



01/07/2013
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