Arthur Rimbaud Comédie en trois baisers Mis sur le blog le 13 05 2019
Comédie en trois baisers
Elle était fort déshabillée,
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres penchaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près.
Assise sur ma grande chaise,
Mi-nue, elle joignait les mains.
Sur le plancher frissonnaient d’aise
Ses petits pieds si fins, si fins.
— Je regardai, couleur de cire
Un petit rayon buissonnier
Papillonner, comme un sourire
Sur son beau sein, mouche au rosier.
— Je baisai ses fines chevilles.
Elle eut un long rire tris-mal
Qui s’égrenait en claires trilles,
Une risure de cristal…
Les petits pieds sous la chemise
Se sauvèrent : « Veux-tu finir ! »
— La première audace permise,
Le rire feignait de punir !
— Pauvrets palpitants sous ma lèvre,
Je baisai doucement ses yeux :
— Elle jeta sa tête mièvre
En arrière : « Oh c’est encor mieux !… »
« Monsieur, j’ai deux mots à te dire… »
— Je lui jetai le reste au sein
Dans un baiser, qui la fit rire
D’un bon rire qui voulait bien…
— Elle était fort déshabillée
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres penchaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près.
Arthur Rimbaud, Poésies
Mis sur mon blog le 13 05 2019
A découvrir aussi
- Pierre Guilbert: un de ses poèmes que j'aime " Si ..." 08 2012
- Arthur Rimbaud : poème: "le dormeur du val" et un tableau sur ce sujet 11 2012
- Stéphane Mallarmé (1842 – 1898) : Soupir, un poème d'Octobre, mis sur mon blog le 25 10 2018
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 71 autres membres