Georges Rodenbach (1855 – 1898): poème " Les cygnes dans le soir ont soudain déplié... " 17 04 2013
Georges Rodenbach (1855 – 1898)
Les cygnes dans le soir ont soudain déplié...
Les cygnes dans le soir ont soudain déplié
Leurs ailes, parmi l'eau qu'un clair de lune moire;
On y sent se lever un frisson qui va croître,
Comme le long du feuillage des peupliers.
Frisson pareil à ceux d'un grand vent dans les arbres;
C'est comme une musique, en pleurs d'être charnelle;
Musique d'une harpe qui serait une aile,
Car les ailes de cygne ont la forme des harpes.
Ces harpes tout à coup ont déchiré la brume;
Les nénuphars lèvent leurs voiles de béguines;
Tout se recueille; tout écoute les beaux cygnes
Qui dressent sur l'eau morte un arpège de plumes.
Concert nocturne où, seul, je m'arrête de vivre !
Ah ! Ces harpes de la musique du silence
Dont on ne sait si elle est morte ou recommence;
Et mon cœur s'est gelé dans ces harpes de givre.
Dans « Le Miroir du ciel natal »
Poème mis sur mon blog le 17 avril 2013.
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