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Germain NOUVEAU : poète méconnu; courte bio et "Fin d'automne" 11 2012

Germain NOUVEAU (1851 – 1920)

 

Fin d’automne

 

C’est le soir au jardin du Luxembourg ; les portes
Vont se fermer ; le jour qui meurt à l’horizon
Semble un dernier adieu de la douce saison ;
Le pied foule un tapis mourant de feuilles mortes.

 

La nuit lente descend ; on entend s’apaiser
Des passants attardés les pas et les murmures ;
Les groupes, sur leur socle, au milieu des ramures,
Pour conjurer le froid échangent un baiser.

 

Car voici que l’Hiver s’avance, triste et sombre !
Vous allez être seuls, ô pauvres marbres nus!
Les amoureux discrets, à vous tous bien connus,
Ne viendront de longtemps s’abriter à votre ombre.

 

Un brouillard gris et fin s’estompe dans les airs ;
Le mystère se fait dans les mornes allées
Que hanteront bientôt les bises désolées ;
Les moineaux sont partis et les bancs sont déserts.

 

Oh ! Le triste retour des saisons enrhumées !
Déjà sur votre épaule un frisson vient courir ;
Déjà le cœur se serre et, comme pour s’ouvrir,
Aspire au chaud parfum des chambres bien fermées.

 

 

(Dans le Recueil : "Premiers poèmes")

 

 

Courte Biographie  - Ce poète est injustement méconnu aujourd’hui car c’est un vrai poète avec un talent très varié. Né à Pourières, dans le Var, en 1851, et mort dans ce même village en 1920, Germain Nouveau s'installe à Paris vers 1872 où il fréquente la bohème littéraire. C'est là qu'il fait la connaissance de Verlaine, de Charles Cros, de Mallarmé et, surtout, d'Arthur Rimbaud avec qui il séjourne en Angleterre et qui a une influence considérable sur sa poésie. Il a fait aussi un séjour au Liban en tant que professeur.

 

Son œuvre comporte 8 recueils, tous publiés après sa mort. Les deux les plus importants sont : Valentines et Doctrine de l'Amour ; ce dernier est un  livre mystique, l'un des plus beaux ouvrages de notre poésie religieuse, avec des poèmes comme Les Cathédrales, Les Mains et l'Amour de l'Amour.

Les dernières années du poète sont marquées par de très profondes crises mystiques jamais très éloignées du désordre mental (il sera interné à Bicêtre pour un court séjour en 1891). Impressionné par l'exemple de saint Benoît Labre, Nouveau s'astreint à la pauvreté et à la mendicité. C'est
d'ailleurs d'inanition que le poète meurt en 1920, victime d'un jeûne trop prolongé, entre le Vendredi saint et Pâques.

 

 

 

Edité le 10 novembre 2012



10/11/2012
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