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Racine Jean (1639 – 1699): la poésie dans " Britannicus " modifié le 22 03 2013

Jean Racine (1639 – 1699)

 

 

Britannicus, acte II, scène 2

 

 

 Excité d'un désir curieux,

Cette nuit je l'ai vue arriver en ces lieux,

Triste, levant au ciel ses yeux mouillés de larmes,

Qui brillaient au travers des flambeaux et des armes,

Belle, sans ornement, dans le simple appareil

D'une beauté qu'on vient d'arracher au sommeil.

Que veux-tu ? Je ne sais si cette négligence,

Les ombres, les flambeaux, les cris et le silence,

Et le farouche aspect de ses fiers ravisseurs,

Relevaient de ses yeux les timides douceurs.

Quoi qu'il en soit, ravi d'une si belle vue,

J'ai voulu lui parler, et ma voix s'est perdue :

Immobile, saisi d'un long étonnement,

Je l'ai laissée passer dans son appartement.

J'ai passé dans le mien. C'est là que solitaire,

De son image en vain j'ai voulu me distraire.

Trop présente à mes yeux, je croyais lui parler,

J'aimais jusqu'à ses pleurs que je faisais couler.

Quelquefois, mais trop tard, je lui demandais grâce ;

J'employais les soupirs, et même la menace.

Voilà comme, occupé de mon nouvel amour,

Mes yeux sans se fermer, ont attendu le jour.

 

 

 

 

Pièce écrite en 1669

 

NB – Dans cette scène Néron raconte comment il a vu arriver Junie (l’amante de Britannicus), qu’il a fait arrêter : il faut souligner l'importance du rôle du regard et des yeux dans le déclanchement de la passion amoureuse et de  la fascination de Néron pour Junie

 

 

Article mis sur mon blog le 30 janvier 2013.

 



30/01/2013
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