Inde, Madhya Pradesh : Article 4 : Mandu, un joyau à ne faire connaitre qu’aux vrais amoureux de l’Inde, publié le 13 07 2014
Inde, Madhya Pradesh : Article 4 : Mandu, un joyau à ne faire connaitre qu’aux vrais amoureux de l’Inde
Dans notre voyage de février 2014 au Madhya Pradesh avec ma femme et 6 amis et un guide, la visite de Mandu a été un des sommets, romantique et suranné à souhait ! Comme presque partout dans ce périple, nous avons été les seuls touristes dans Mandu, hors les touristes indiens qui visitent leur pays avec plaisir. Je vais vous en parler mais il faut garder ce site pour les vrais amoureux de l’Inde car il faut préserver ce joyau.
1 – Histoire
Initialement, le site naturel de Mandu fut occupé à partir du 6ème siècle, sous le nom de Mandapa-Durga. La ville commence à se développer en 1261, lorsque le roi Jayavaram de la dynastie rajpoute des Paramâra y transfère sa capitale depuis Dhâr. En 1293, la région tombe aux mains des Musulmans, cependant Mândû résistera jusqu’en 1305 où les Khaljî qui règnent à Delhi s’en emparent et la renomment Shadiabâd, la cité de la joie.
S'ensuivit une longue période de gouvernorat. Le déclin du Sultan de Delhi, Mohammed-bin-Tughluq, amena le gouverneur du Malwa (la région où se trouve Mandu), Dilawar Khan Ghuri, à prendre ses distances et déclarer son indépendance en 1401. C'est de ce moment que débuta le vrai développement de Mandu avec des rois comme Hoshang Shah, qui régna 27 ans. Vint ensuite Mahmud Shah (d'une autre dynastie, les Khalji) qui, régnant 37 ans, fut le plus important des souverains auquel son fils Ghiyathu'd-Din succéda pour une durée encore plus longue, puis Nasuru'd-Din en 1500, puis Mahmoud II, 31 ans. Au 16 ème siècle, les luttes entre les rois du Malwa et Delhi (Humayun, puis Sher Shah, puis Akbar...) recommencent. Le roi local, Baz Bahadur, davantage porté vers les arts, la musique, et son penchant pour la belle Rupmati (voir plus bas) s'enfuit et abandonne piteusement son amie et son royaume. Les empereurs moghols appréciaient d’y séjourner et Jahângîr, qui y demeura quelques mois en 1617, fit restaurer certains de ses monuments. Elle fût reprise par les Marathes en 1732. Dhar retrouve sa place de capitale régionale et Mândû devient une ville fantôme pendant 400 ans environ. C'est maintenant un petit village mais aussi un site de ruines exceptionnel d'une dizaine de kilomètres de long pour 15 kilomètres de large.
2 – Visite
. Situé à 100 km au sud de Indore mais les routes sont très mauvaises ; pour arriver sur le site de Mandu, nous grimpons tout d'abord sur un plateau de 2000 ha, à quelque 630 mètres d'altitude (photo)
et le sommet de la colline est ceinturé d’une muraille de près de 10 km de long. On franchit les redoutables portes d'enceintes, au nombre de quatre, pas plus pas moins On a apprécié la Delhi Darwaza (Porte de Delhi) de plus de huit mètres de hauteur.
21 - On a tout d’abord visité le Ujali Baoli (photos)
, un grand réservoir avec plein d’escaliers pour y descendre et un joli pavillon.
En arrivant dans le centre du village, nous avons visité les monuments principaux :
22 - La Jama Masjid est, comme son nom l'indique, la Grande Mosquée (photos)
. Elle fut fondée par Hoshang Shah et achevée en 1454 par Mahmud Shah. Son style est dit afghan. Elle aurait eu pour modèle la grande mosquée de Damas. La cour est entourée de colonnades et le bâtiment est surmonté de plusieurs dômes. Le mur de la qibla (orienté vers La Mecque) est orné de 17 niches crénelées.
23 - Le Mausolée d'Hoshang Shah, juste à côté de la Grande Mosquée est un très beau bâtiment de marbre, propice à la méditation et aux proportions massives mais harmonieuses (photo)
. Un grand dôme central est entouré de quatre petits dômes aux angles. Il date de la même époque que la mosquée, ce qui signifie que c'est certainement l'une des plus anciennes constructions de marbre en Inde. L'intérieur est éclairé les écrans de pierre ajourés si caractéristiques de l'art musulman indien. La base, en forme de carré, se transforme en octogone à mesure qu'elle s'élève. Au niveau supérieur les côtés de l'octogone se divisent encore en deux. Shâh Jahân envoya 4 de ses architectes pour l’étudier du temps de la conception du Taj Mahal d’Agra,
24 - Un peu plus loin se trouvent les très beaux restes des palais. Cette zone, nommée la "Royal Enclave", est caractérisée par trois monuments.
241 - Le Jahaz Mahal est sans aucun doute le monument le plus attachant et le plus gracieux de Mandu (photo)
. Long de plus de cent mètres, il étend au bord d'un petit lac sa silhouette particulière qui lui a donné ce nom de "Palais du bateau". De grands escaliers assez raides donnent accès à la terrasse supérieure pourvue de kiosques et de pavillons (photos
). De là, on jouit d'une agréable vue sur les deux lacs, le Munj Talao et le Kapur Talao, les autres bâtiments et les jardins
. Cet édifice fut construit au 15ème siècle par Ghiyath-ud-Din pour abriter son harem.
Ses trente-trois de règnes seront marqués par son goût immodéré pour les femmes et la musique. On dit que ce harem comptait pas moins de 15.000 princesses, servantes et concubines (41 ans de "consommation" à raison d'une par jour ...). La garde rapprochée du souverain était composée de 500 jeunes femmes farouches d'origine turque.
242 - Tout proche, le palais du Hindola Mahal nous a impressionnés par ses murailles aux épais contreforts (photos)
. Il fut construit en 1425 sous le règne de Ghiyath-ud-Din pour servir de pavillons des audiences. En ce temps-là, les jeunes femmes du palais avaient l'habitude de jouer de la balançoire (attachée aux poutres) lorsque la saison des pluies débutait, d’où le surnom "le palais oscillant" ; on dit aussi que ce surnom vient de l'inclinaison de ses murs d’un angle de 77°, (les murs latéraux ont une épaisseur de 3 mètres à la base et cette inclinaison avait pour objet de supporter les forces d'écartement de la voûte).
243 - Le Champa Baoli est un puits à section carrée, où l'on peut descendre par un escalier. En souterrain, donc à l'abri de la chaleur, intense en ces lieux à certaines périodes de l'année, avaient été creusées des salles que la proximité de l'eau du puits rafraichissait encore mieux. Pour une forteresse telle que Mandu, la maintenance des puits était une nécessité vitale.
Il y a vraiment beaucoup de bassins dans ce complexe de palais (photo)
.
244 – Nous avons visité aussi le Andheri Baoli (photo) un autre réservoir et des pièces souterraines avec de belles voutes
.
25 – Nous avons repris notre minibus pour nous rendre à quelque trois kms plus au sud, sur le rebord du plateau, pour visiter le Pavillon de Rupmati. L'un des souverains de la dynastie locale, Baz Bahadur, tomba follement amoureux d'une chanteuse, hindoue de surcroît. Il réussit à la convaincre de le rejoindre à Mandu et fit bâtir pour elle cette résidence romantique qui est dans un cadre superbe car elle pouvait observer de là-haut la Narmada couler dans la plaine. L'histoire eut une fin malheureuse. L'empereur Akbar, depuis Delhi, organisa une campagne militaire contre les souverains dissidents de Mandu, mit Baz Bahadur en déroute. Rupmati, abandonnée à son triste sort, préféra mettre fin à ses jours en s'empoisonnant, plutôt que de tomber entre les mains de l'armée ennemie.
Ce pavillon a une terrasse superbe où nous avons rencontré des touristes indiens avec lesquels nous avons eu des contacts agréables (photos)
3 – Conclusion
Nous n’avons pas eu le temps de tout visiter à Mandu mais nous avons beaucoup apprécié l’atmosphère et le charme de cette cité à la splendeur surannée. C’est vraiment un joyau à ne pas rater dans un voyage dans cette région !!
Article publié le 13 07 2014 et modifié le 19 07 2014
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