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Jeanne Baret (1740 – 1807)

Elle fit le tour du monde
de 1767 à 1776 (la première femme à l’avoir fait en bateau) ; elle était devenue botaniste au contact de son amant le Docteur Philibert Commerson botaniste officiel du Roi 
; elle embarqua travestie en marin sur l’Etoile un bateau de l’expédition de Bougainville autour du monde

Jeanne Baret est née, le 27 juillet 1740 dans une petite bourgade de Bourgogne, près d’Autun. Elle passe les premières années de son existence à la ferme de son père. Lorsque ce dernier décède en 1762, elle devient gouvernante chez le docteur Philibert Commerson, veuf, pour veiller à l’éducation de son jeune fils Archambaud.

Elle a 22 ans, le docteur en a 35. Très vite, il est séduit par l’intelligence et la vivacité d’esprit de la jeune femme. Il lui donne des leçons de botanique, lui confie la préparation des herbiers et ils deviennent amants.
Deux années plus tard, le couple déménage pour Paris. Commerson vient d’être nommé botaniste du roi Louis XVI et, à ce titre, va  entreprendre un voyage dans les terres australes car il accompagne Monsieur de Bougainville
en qualité de médecin botaniste du Roi.  

Une ordonnance datant de 1689 interdit aux femmes d’embarquer sur les navires de la Marine Royale mais Commerson malgré le risque pour  sa carrière scientifique ne peut pas laisser Jeanne. Elle sera son valet travestie en marin ! Elle portera des vêtements larges, les cheveux courts et se bandera les seins !

Deux bateaux sont affrétés pour l’expédition de Bougainville : une frégate, La Boudeuse, et une flûte, L’Etoile. Le 6 février 1767, à Rochefort, Commerson suivi de son valet « Jean Baret » montent à bord de L’Etoile pour ce long périple
.

La vie à Bord : Commerson, malade, la veut à tout prix à ses côtés comme infirmière et assistante pendant la traversée : ils auront donc pour eux une très grande cabine et Jeanne veille sur Philibert. En Amérique du Sud, elle arpente le terrain, porte le matériel, collecte des plantes. Commerson la surnomme « ma bête de somme ». Elle est très endurante dans les montagnes et les neiges au détroit de Magellan et plus tard dans les forêts profondes des iles du Pacifique. Le soir, de retour dans leur cabine, les amants répertorient ensemble, les échantillons récoltés.

Au cours d’une de ses explorations des environs de Rio de Janeiro, Philibert tombe en arrêt sur devant une liane flamboyante, « une plante admirable aux larges feuilles d’un violet somptueux«.

En y regardant de plus près, Jeanne et Philibert se rendent compte que cette couleur « somptueuse » ne vient pas des fleurs elles-mêmes, mais de grandes bractées colorées disposées par trois et portant chacune à son aisselle, une insignifiante petite fleur blanche.

Le naturaliste décide de rendre hommage au capitaine de l’expédition en nommant sa belle découverte végétale : « Bougainvillea ».

Mais la double vie de Jeanne qui a tenue presque 2 ans va être découverte à Tahiti en avril 1768.
Les Tahitiens ont immédiatement démasqué Jeanne : sa corpulence et son odeur corporelle – moins âcre que celle de ses camarades, malgré des mois en mer – l’ont trahie ! Les amoureux doivent essuyer le courroux de Bougainville, qui les débarque sur l’île de France (aujourd’hui île Maurice).

Il faut dire malgré tout que  la qualité et l’efficacité du travail d’herboriste et de botaniste de Jeanne Baret ont été reconnus à ce moment par le chef de l’expédition Louis de Bougainville, le chirurgien à bord Vivez et par le jeune officier de marine le prince Charles de Nassau-Singen (qui deviendra amiral en Russie !)
. Par conséquent aucune sanction n’est requise contre eux !

Mais ils n’ont quasiment aucun espoir de rentrer en France, L’intendant en chef Pierre Poivre les loge au « Jardin des Pamplemousses » une très belle propriété et ils font encore des campagnes de collecte de nouvelles plantes à Madagascar et à la Réunion

Hélas la santé de Commerson se dégrade et il meurt, en 1773, soigné jusqu’à la fin par Jeanne. Celle-ci ne baisse pas les bras et elle tient une taverne pendant presque un an. Elle rencontre alors  Jean Dubernat, un périgourdin, soldat de la Marine avec lequel elle se marie le 17 mai 1774. C’est, pour elle, l’occasion de pouvoir enfin rentrer en France car ce mariage avec un militaire est le seul moyen d’obtenir une autorisation de rapatriement.

Elle revient à Paris en 1776 avec plus de 30 caisses scellées contenant 5000 espèces de plantes ramassées au cours de son périple autour du monde, 3000 d’entre-elles sont nouvelles. Elle fait parvenir ce trésor au Jardin du Roi. Ces collections iront rejoindre celles du Muséum d’Histoire Naturelle où l’on peut toujours consulter les manuscrits de Commerson, Buffon en fera l’inventaire puis Jussieu et Lamarck les étudieront. Elle reçoit la part de l’héritage que lui a léguée Philibert Commerson et le 13 novembre 1785, elle est honorée pour son engagement dans l’expédition de Bougainville : son travail auprès de Commerson est reconnu de façon officielle par le Roi qui lui accorde une pension de 200 livres.

Jeanne peut être fière de son parcours !. Elle partage alors sa vie entre sa Bourgogne natale et Saint Aulaye sur Dordogne, ayant épousé un périgourdin.

Jeanne Baret s’éteint là-bas le 5 août 1807 à l’âge de soixante-sept ans. Restée fidèle à la famille Commerson, elle fera à son tour d’Archambaud, le fils légitime de Philibert Commerson, son héritier. Elle repose depuis, au cimetière de Saint Aulaye.

 
Ultime consécration en 2012 : le botaniste EJ Tepe baptise de son nom une nouvelle espèce de plantes de la famille des solanacées (2700 espèces dont la pomme de terre, la tomate, l’aubergine, le piment et le tabac), découverte en 1992 en Amérique du Sud : « Solanum baretiae »,

plante à fleur et fruit ressemblant à une tomate.

Mis sur mon blog le 14 12 2020