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Suite et Compléments sur le livre "le déréglement du monde" pour essayer de comprendre le monde actuel 10 10 2012

Deux livres pour essayer de comprendre le monde actuel

Compléments sur le 1er livre. AminMaalouf sa vie et ses œuvres

 

1 – Sa vie

Il est né en 1949 à Beyrouth ; Sa grand mère maternelle est turque et son grand-père chrétien maronite. Son père est journaliste et peintre, issu d’une famille catholique grecque mais convertie au
protestantisme  presbytérien mais non pratiquant. C'est donc dans une mixité de religions que l'enfant à grandi. A cause de la guerre civile au Liban, il part pour la France avec sa famille en 1976 où il vit depuis, à Paris et l’ile d’Yeu.

 

2 – Ses œuvres

Les romans d’Amin Maalouf sont marqués par ses expériences de la guerre civile et de l’immigration. Ils traitent souvent de voyageurs ambulants entre les terres, les langues et les religions

Il y eut « Les Croisades vues par les Arabes », essai qui sera publié en 1983. Il rencontre son premier succès de librairie avec le roman Léon l'Africain, en 1986, et décide de se consacrer à la littérature. Suivent ensuite les romans Samarcande, sur le poète et savant persan Omar Khayyam et Les Jardins de lumière sur le prophète persan Mani, qui lui donnent une place importante dans le roman historique d'inspiration orientale. Il obtient en 1993 le prix Goncourt pour Le Rocher de Tanios, qui se passe dans les montagnes libanaises de son enfance.

Dans Les Échelles du Levant, en 1996, il parle pour la première fois de la guerredu Liban, qui l'a contraint à quitter son pays. Le Liban sera à partir de cette époque un thème de plus en plus présent dans son œuvre. Il publie en 1998 son deuxième essai, Les Identités meurtrières, Il s'essaye ensuite pour la première fois à l'écriture de livret d'opéra, avec L'Amour de loin, pour la compositrice finlandaise Kaija Saariaho et il reçoit un bon accueil du public et de la critique. Il écrit pour elle trois autres opéras, dont le dernier, Emilie, a été créé en 2010 à l'opéra de Lyon.

Son roman Le Périple de Baldassare, est publié en 2000, mais il se consacre depuis à
la rédaction d'essais : son ouvrage le plus autobiographique Origines, en 2004, et Le Dérèglement du monde : Quand nos civilisations s'épuisent, en 2009). En 2007-2008, il a présidé, pour la Commission européenne, un groupe de réflexion sur le multilinguisme, qui a produit un
rapport intitulé « Un défi salutaire : comment la multiplicité des langues pourrait consolider Europe ». En 2012, il publie un nouveau roman Les Désorientés.(J’en reparlerai peut-être dans un autre article).

 

1 - Dans son livre Les Identités meurtrières, en 1998, il s’indigne des comportements humains lorsque l’affirmation de soi va si souvent de pair avec la négation de l’autre. Humaniste, Amin Maalouf est convaincu que l’on peut rester fidèle aux valeurs dont on est l’héritier, sans pour autant se croire menacé par les valeurs dont d’autres sont porteurs

 

2 - Membre de l'Académie Française depuis juin 2011 ; dans son discours d’entrée, il a parlé de ses «rêves d'harmonie, de progrès et de coexistence», des rêves, a-t-il dit, aujourd'hui malmenés par un mur qui s'élève - «un mur de la détestation» - entre Européens et Africains, entre Occident et Islam, entre Juifs et Arabes… Son ambition est de contribuer à le démolir: «Telle a toujours été ma raison de vivre et d'écrire, et je la poursuivrai au sein de votre Compagnie ».

 

3 - Dans « Le dérèglement du monde » Un certain nombre de constats tissent la trame du livre : le poids de la puissance américaine, le poids des évolutions dans les pays musulmans, le rôle dévastateur des religions (communautarisme), le basculement du monde après l’écroulement de la puissance soviétique, le poids de la Guerre froide plus que celui de la dernière guerre mondiale, presque absente

Pour comprendre, il faut rappeler que pendant des décennies, les éléments potentiellement modernistes et laïques du monde arabo-musulman ont combattu l’Occident - en s’appuyant sur l’Union Soviétique. Et l’Occident s’est battu contre eux, quelquefois avec l’appui des mouvements
islamistes de sorte que, au sortir de la Guerre froide, les islamistes étaient au nombre des vainqueurs. (p.27) Contrairement aux espérances, la rationalité et la laïcité ont reculé au profit des appartenances héréditaires et de la religion

Le communautarisme est la négation de l’idée de citoyenneté, il met en place un
système de quotas qui partage durablement la nation en tribus rivales (p.58).

La légitimité est ce qui permet aux peuples et aux individus d’accepter, sans contrainte excessive, l’autorité d’une institution, personnifiée par des hommes et considérée comme porteuse de valeurs partagées (p.107). Aucune n’est immuable. Il arrive un moment où elle n’opère plus. C’est
alors qu’un pouvoir remplace l’autre, et qu’une légitimité neuve se substitue à celle qui s’est déconsidérée

1ère légitimité : la religion - 2e légitimité : la légitimité “patriotique” ou “combattante 3e légitimité : celle des Etats-Unis : Cette “légitimité égarée” de l’Occident, des Etats-Unis en l’occurrence,
débouchera un quart de siècle plus tard sur la révolution fondatrice de l’islam politique contemporain

La religion est pour les Arabes l’ultime territoire où survit leur estime de soi.
La manière dont elle est vécue reflète l’impasse historique où ils se trouvent ; qu’ils en sortent, et ils retrouveront les versets qui conviennent à la démocratie, à la modernité, à la laïcité, à la coexistence, à la primauté du savoir ; leur relation à la lettre des textes se fera moins figée. Le problème ne réside pas dans les textes sacrés, la solution non plus (p.255).

L’immigré a besoin de pouvoir appartenir à deux cultures. Il a besoin de s’identifier par sa langue. C’est parce qu’elle est délaissée et que sa culture est déconsidérée, qu’un immigré affiche les signes de sa croyance. Les autorités ne prennent pas en compte cette soif de reconnaissance culturelle. Elles se méfient du pluralisme linguistique plus que du communautarisme religieux pourtant facteur de fanatisme.

Conclusion d’Amin Maalouf – « Ce n’est pas la fin de l’Histoire mais probablement le crépuscule d’une certaine Histoire, et aussi - j’ose l’espérer - l’aube d’une autre Histoire. Ce qui a
fait son temps, c’est l’Histoire tribale de l’humanité, c’est la Préhistoire des hommes (p.303).

Je vois quatre bonnes raisons d’espérer : le progrès scientifique s’accélère - bien que la science soit moralement neutre, au service de la sagesse des hommes comme de leur folie ; le sous-développement n’est pas une fatalité ; l’expérience de l’Europe qui a réussi à laisser derrière soi les haines accumulées ; l’élection symbolique de Barack Obama. Plus que jamais le monde a besoin de l’Amérique, mais d’une Amérique réconciliée avec lui comme avec elle-même.

La tâche à accomplir est titanesque : il s’agit de concevoir une toute autre vision de la politique, de l’économie, du travail, de la consommation, de la science, de la technologie, du progrès, de l’identité,
de la culture, de la religion, de l’Histoire.

Nous avons le devoir d’inventer une nouvelle conception du monde » (p. 307/314).

 

 

Edité le 12 10 2012



12/10/2012
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