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Auguste Pavie: un explorateur "humaniste" que j'aime, article modifié le 12 02 2015

Auguste Pavie,

 

Né à Dinan en 1847 et mort en 1925 à Tourie, en Ille-et-Vilaine, c'est un explorateur, diplomate et haut fonctionnaire français. 

Vice-consul à Luang Prabang au Laos en 1885, il finit ministre plénipotentiaire en 1896, commandeur de la Légion d’honneur.

Botaniste, géographe, topographe, ethnologue, photographe, c’est un homme de la IIIe République. Libre penseur, franc-maçon, il incarne les idéaux républicains et il œuvre pour la grandeur de la France qui veut apporter à l’Indochine la liberté, la paix et le progrès

Il fit ses études à Guingamp, où un lycée porte son nom. Engagé à 17 ans dans l’armée trois ans plus tard, devient sergent dans l’infanterie de marine et embarque pour la Cochinchine. Libéré au bout de quelques mois, il entre aux postes et télégraphes et parcourt l’Indochine. Au cours de ces voyages, il observe, prend des notes, cartographie, reconnaît de nouvelles pistes.

Doté d’un réel courage physique, ouvert et charismatique, il multiplie les contacts avec les populations locales dont il étudie le mode de vie, les religions et les langues. « Je connus la joie d'être aimé des peuples chez qui je passai », explique-t-il dans ses mémoires.

Ces explorations savantes révèlent aussi ses aptitudes de diplomate dont les ministères vont profiter. En 1885, il est donc nommé vice-consul au Laos qui était plein d'agents siamois (le Siam voulait faire du Laos une colonie !). Son action lors du siège de la capitale a été remarquable : Il n’empêchera pas les Pavillons Noirs  (déjà connus pour l'assassinat de Francis Garnier) venus de Chine  de prendre la capitale laotienne et de l’incendier ; mais comme il s'était fait apprécier du vieux roi du Laos Oun Kham (voir photoPavie roi du Laos.JPG
), il a  organisé son sauvetage et celui de toute sa famille lors de cette attaque. Cette attitude lui vaut la reconnaissance des dirigeants laotiens.

Signalons ici qu'il signera plus tard  la paix avec ces mercenaires chinois, et se fait l'ami du chef emblématique Deo Van Tri dont les fils et neveux iront suivre l'enseignement de l'École coloniale.

.Sa conquête des cœurs est d’autant plus complète que, médecin improvisé, il a soigné un bonze important, le supérieur du monastère de Vat Mai. Ce dernier envoie chercher les chroniques du royaume, documents qui permettent à Pavie d’affirmer que les prétentions du Siam sur le Laos n’ont aucunes prétentions historiques . Le roi lui explique alors que « Si mon fils y consent, nous nous offrirons en don à la France, sûrs qu’elle nous gardera des malheurs futurs. » C’est Pavie qui négocie en partie le traité du 3 octobre 1893 sur le protectorat de la France sur le Laos, fixant aussi la frontière entre le Siam et l’Indochine française sur le Mékong. Pavie est ensuite nommé Commissaire général au Laos pour organiser le nouveau territoire. Il met à profit cette nouvelle fonction pour étudier de façon ethnologique les Laotiens.

Lors d'un voyage à Paris en 1886 il embarque avec lui treize jeunes fils de la haute société cambodgienne et fonde "l'École cambodgienne", qui devient rapidement l'École coloniale, dont le but initial est la formation de cadres indigènes pour l'administration des colonies. (voir photo avec un diplomate français et 4 cambodgiens de l'Ecole Coloniale)Pavie et un diplomate français et 4 cambodgiens de l'Ecole Coloniale.JPG
)

En 1886, il fixa avec l'Empire de Chine les frontières de l'actuel Laos et avec la Grande-Bretagne celles avec la Birmanie.

Il rencontre Alexandre Yersin (le fameux médecin qui a fait ensuite des découvertes de vaccins, etc.) en décembre 1893 à Saïgon au moment où s'organisent les différentes missions de délimitation des frontières avec l'Angleterre et la Chine. Mais Yersin souhaite rester indépendant et refuse de suivre Pavie.

Il rentre alors en France, se marie et rédige les mémoires de la « mission Pavie » (en 10 volumes) mais aussi des livres à partir de ses carnets de voyage, en particulier « A la conquête des cœurs, Le Pays des millions d'Eléphants (le Laos) », publié en 1921,

Pour le centenaire de sa naissance en 1947, Kim Ny, représentant du roi Sihanouk du Cambodge, et la princesse Savang du Laos sont venus lui rendre hommage en Bretagne, lors de l'inauguration d'une stèle à Dinan.

Il reste très apprécié encore aujourd’hui au Laos (photo de sa statue à VientianeAuguste_Pavie statue à Vientiane.jpg
) et au Cambodge.

 

Voici un éloge qui le résume bien : 

« Deux éléments demeurèrent toujours étrangers à l'œuvre de Pavie, la force et l'intérêt. Pavie n'impose aucune contrainte, ne recherche aucun profit. Il se penche affectueusement sur les peuples qu'il rencontre, il les secourt quand ils sont exposés aux coups de l'adversité, et par sa douceur, par le rayonnement de sympathie qui se dégage de sa personne, par l'autorité persuasive dont sa parole est empreint il conquiert les cœurs et les esprits, il fait connaître et aimer le vrai visage de la France dont il est lui-même une parfaite et lumineuse incarnation. Ces dons exceptionnels de l'esprit et du
cœur, ce charme enveloppant, ce magnétisme subtil de la pensée sympathique qui rendirent à Pavie toutes les tâches faciles, devaient plus particulièrement séduire les populations laotiennes, de même que la douceur du climat, la belle lumière du Mékong exercèrent sur l'infatigable voyageur une attirance irrésistible. »

(Le Fol, Résident supérieur au Laos, 1933)

 

Signalons aussi que Michel Le Bris, dans son livre "Dictionnaire amoureux des explorateurs" a écrit un très bel article sur Auguste Pavie

 

Article  modifié le 12 02 2015



12/02/2015
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