La famille linguistique austronésienne ou malayo-polynésienne a une aire d'extension surprenante ! 16 04 2013
La famille austronésienne, appelée aussi malayo-polynésienne, couvre une aire d’extension considérable.
En effet, les langues de cette superfamille linguistique s’étendent de l’île de Madagascar dans l’océan Indien, Taiwan, une partie du Sud-est asiatique (dont surtout l’Indonésie et les Philippines) et presque tout le Pacifique dans ce qu’on appelle le «triangle polynésien» dont les sommets sont Hawaï au nord, l’île de Pâques au sud-est et la Nouvelle-Zélande au sud-ouest.
Nb - les langues papoues de l’île de Nouvelle-Guinée et les langues aborigènes de l’Australie ne font pas partie de la famille austronésienne.
En termes de population, la famille austronésienne constitue la troisième famille de langues importante dans le monde après la famille indo-européenne et la famille sino-tibétaine.
La famille austronésienne correspond à environ 4,5 % de la population totale, avec un peu moins de 300 millions de locuteurs répartis sur plus de 1000 langues plus ou moins liées entre elles, soit 20 % des langues du monde (mais il y en a beaucoup en voie d'extinctioin ou avec très peu de locuteurs, voir plus loin).
L’île de Taiwan et l’Asie du Sud constitueraient les berceaux de la famille austronésienne :
c’est l’une des hypothèses actuelles les plus valables. Il y a environ 6000 ans, des agriculteurs appartenant au groupe linguistique tai-kadai (auquel appartiennent encore le thaï et le laotien d’aujourd’hui) auraient franchi le détroit de Taiwan pour traverser les océans et se répandre dans le Sud jusqu’aux Philippines et à Madagascar (vers 3000 BC), à Timor, à Sumatra et aux îles Mariannes via la Micronésie, en Polynésie via les îles Cook (vers 200 BC), à Hawaï et à l’île de Pâques (vers 300 AD) et enfin en Nouvelle-Zélande (vers 800 AD).
Voilà quelques preuves de l’appartenance de toutes ces langues à une même famille malgré les distances énormes entre elles : Traductions de œil : Œil en Indonésien ou malais : mata ; hari veut dire jour en indonésien et malais, donc mata hari c’est l’œil du jour ! Œil en Malgache : maso ; en Tagalog : matá ; en Samoan : mata ; en tahitien : mata ; ex mata hiti : œil rempli de colère ; en hawaïen : maka - Traductions de père : père, papa en Indonésien ou malais : ayah ou bapak ; en Tagalog amá - Traductions de île : île en Indonésien ou malais : nusa ou pulau ; en Malgache : nosy ; en Tagalog : pulô
Ces langues se divisent en deux grands groupes: les langues formosiennes, d’une part, et les langues malayo-polynésiennes, d’autre part. Pour ce qui est du groupe malayo-polynésien, il est composé de trois sous-groupes: le malayo-polynésien occidental, le malayo-polynésien central et le malayo-polynésien oriental.
1- Le groupe formosien : Les langues aborigènes actuelles de Taiwan sont appelées langues formosiennes pour éviter de les confondre avec les langues "taiwanaises" originaires de la Chine continentale. Les langues formosiennes sont fragmentées en une vingtaine d’idiomes. Aujourd’hui, seule une dizaine de langues sont encore couramment utilisées dont l’amis (130 000) et l’atayal (60 000). L’ensemble des locuteurs de ces langues n’atteint pas le demi-million.
2- Le groupe malayo-polynésien occidental : Le premier groupe malayo-polynésien dit occidental est appelé aussi indonésien. Il compte environ 200 langues parlées principalement aux Philippines, en Indonésie (îles de Java, Sumatra, Bornéo ou Kalimantan, Sulawesi, etc.), en Malaisie (péninsule et États de Sabah et de Sarawak), à Madagascar, à l’île de Guam (chamorro) ainsi que dans certaines parties du Vietnam (cham bahnar et jarai par exemple), du Cambodge (cham de l’Ouest) et de la Thaïlande (langues cham) et même de la Chine (une langue cham: le tsat).
Ce groupe occidental compte à lui seul presque tous les locuteurs de cette famille: 265 millions de personnes sur un total de 300 millions.
Des quelque 200 langues, le malais (et la variante bahasa indonesia) se détache nettement avec 100 millions de locuteurs à titre de langue maternelle et 100 autres millions à titre de langue seconde,
particulièrement en Indonésie, en Malaisie, à Brunéi, à Singapour et en Thaïlande.
Moins de 25 langues sont parlées par plus d’un million de locuteurs. Ce sont pour les Philippines, le tagalog /filipino (15 millions), le bikol (2,5 millions), le sasak (2,1 millions), le magindanaw (1 million), le pampangan (2 millions) et le pangasinan (2 millions); pour l’Indonésie, le javanais (80 millions), le soundanais (25 millions) le visayan (15 millions), le madourais (10 millions), l’ilocano (8 millions), l’ilongo (7 millions) le minangkabaw (7 millions), le bouguinais (4 millions), le balinais (3,5
millions), le banjarais (3 millions), le makassar (2 millions), le batak dairi (1,2 million), le batak toba (2 millions), le lampung (1,5 million); pour Madagascar, le malgache (10,5 millions).
3 - Le groupe malayo-polynésien central : Les quelque 120 langues de ce groupe sont parlées en Indonésie, particulièrement aux îles Moluques (Indonésie) et dans l’île de Timor. Cependant il ne reste que 6 langues parlées par plus de 5 000 locuteurs : le tétum (300 000) et le kisar (20 000) du Timor, le kei (86 000), le makian (35 000), le hitu (16 000) et le manusela (7000) des Moluques. Au total, le nombre des locuteurs de ces langues n’atteint pas le million.
4 - Le groupe malayo-polynésien oriental : Ce groupe de langues se divise en deux sous-groupes:
4.1- Les langues de l’île de Halmahera (Indonésie) et de l’ouest de la Nouvelle-Guinée : Ces
langues sont parlées dans l'arrière pays de la Nouvelle-Guinée (Irian Jaya et Papouasie) et dans la partie méridionale de l'île Halmahera (Indonésie). La majorité des langues de ce sous-groupe (environ 40 langues parlées au total par moins de 150 000 locuteurs) sont en usage dans de petites communautés. Seuls l’ambai (10 000), le makiam de l’Est (20 000) et le biak (40 000) sont parlées par plus de 10 000 locuteurs.
4.2 - Les langues océaniennes : Le grand sous-groupe océanien compte environ 450 langues parlées par moins de trois millions de personnes dans les îles de l'océan Pacifique. Les langues océaniennes se répartissent en trois autres groupes: les langues polynésiennes, les langues
micronésiennes et les langues mélanésiennes.
4.2.1- Les langues polynésiennes : L’aire d’extension des langues polynésiennes couvre une grande partie du Pacifique et forme ce qu’on a appelé le "triangle polynésien" dont les sommets sont Hawaï au nord, l’île de Pâques au sud-est et la Nouvelle-Zélande au sud-ouest. On compte un peu plus d’un million de locuteurs parlant l’une des quelque 40 langues polynésiennes.
Les langues polynésiennes parlées par plus de 100 000 locuteurs sont les suivantes: le samoan (300 000), le tahitien (120 000), le tongien (108 000) et le maori (100 000). Viennent ensuite le rarotonga (37 000), le wallisien (19 500), le tuamotu (14 400), le niuéen (11 800), le marquisien (8000), le futunien (6600), etc. Toutes les autres langues sont parlées par moins de 5000 (dont l’hawaïen 2000).
4.2.2- Les langues mélanésiennes : Ce groupe comprend au moins 350 langues peu répandues et la plupart d’entre elles sont non écrites. À peine plus d’un million de locuteurs se partagent les
langues du groupe mélanésien. Elles sont utilisées dans les archipels de la Mélanésie et de la Micronésie: l’archipel de la Nouvelle-Bretagne (rattaché à la Papouasie-Nouvelle-Guinée), les îles Fidji, les îles Salomon, le Vanuatu et les îles de la Nouvelle-Calédonie. Hormis le fidjien parlé par 280 000 personnes dans plusieurs îles et quelques autres langues néo-calédoniennes utilisées par
plus de 5000 individus, toutes les langues ne comptent que fort peu de locuteurs (parfois quelques centaines seulement). Ce sont des langues dont les pays sont aux prises avec un fort multilinguisme vernaculaire, ce qui les rend incapables de concurrencer la langue coloniale (l’anglais ou le français).
4.2.3 - Les langues micronésiennes : Les langues micronésiennes comptent une vingtaine d’idiomes parlés par environ 500 000 locuteurs. Ces langues occupent une aire au nord de la Mélanésie et comprennent principalement les États fédérés de Micronésie, les îles Caroline, les îles Marshall, Kiribani, etc. Parmi ces langues, citons, entre autres, le gilbertais ou kiribati (64 000), le marshallais (56 000), le trukois (38 000) et le ponape (27 700), Bien que ces langues soient parlées par un petit nombre de locuteurs, la plupart d’entre elles sont restée très vivantes.
Article mis sur mon blog le 16 avril 2013.
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